4 jours à la découverte des ethnies du Sud – jour 1 : le village de Dorze et le pays konso

Vendredi 28 février 2014 : Dorze et Konso

DORZE

Nous quittons Arba Minch vers 9 heures. Les frangipaniers se font plus rares à mesure que nous grimpons vers Dorze. La route qui monte offre un beau panorama sur le lac Abaya et au loin le lac Chamo.

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Arrivés à Dorze, nous visitons une habitation traditionnelle.

Les maisons Dorze sont faites d’une seule pièce. Le toit et les murs qui ne font qu’un sont faits de charpentes en bambou recouvertes de feuilles séchées d’ensète (voir plus loin). Avec leurs trois saillies – deux yeux pour l’aération et un nez pour le porche d’entrée, elles ressemblent d’extérieur à un éléphant sans trompe et sans oreilles.

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Si les entrées de ces maisons semblent parfaitement adaptées à des enfants de 95 centimètres, elles sont en revanche un peu basses pour un adulte de 1 mètre 92 !

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La porte semble d’autant plus basse que les Dorze construisent leurs maisons très hautes (certaines peuvent atteindre 12 mètres de haut). D’après notre guide Kucha, cette technique viserait à anticiper l’attaque des termites qui ont la fâcheuse habitude de ronger les maisons par le bas. Ainsi les maisons durent plus longtemps.

Les maisons inutilisables font office de grenier ou d’abri pour les animaux ou les hôtes de passage.

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A l’intérieur, il fait sombre.

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La pièce principale est meublée de quelques chaises et poufs en peau de bête. Des calebasses et des paniers remplis de malt séché sont suspendus le long des minces cloisons qui délimitent les différents espaces : une chambre à coucher, une cuisine et… une étable ! Car à 1500 mètres d’altitude, les nuits sont fraîches, même pour le bétail. Les enfants ne se lassent pas de regarder par la petite lucarne.

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Derrière la maison, une femme file du coton. Nolan, Timéo et moi essayons à notre tour, sans succès.

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Sur la parcelle de terrain dont elles disposent, les familles cultivent un potager ainsi que les plantes d’ensète.

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Cette plante, que l’on appelle aussi faux bananier, fait partie intégrante de la vie des Dorze. Apparentée comme son nom l’indique au bananier, l’ensète est de plus grande taille et résiste mieux aux variations climatiques. L’ensète ne pousse pas qu’en Éthiopie, mais également dans d’autres régions du monde (Afrique, Chine, Inde, Asie du Sud-Est). Mais seuls les Éthiopiens en extraient un produit comestible. Quand l’arbre atteint huit ans, le tronc est abattu, déchiqueté et l’amidon est réduit en poudre.

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La poudre est alors enveloppée dans des feuilles d’ensète et enterrée – afin qu’elle fermente – pendant trois à six mois.

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Le produit obtenu est appelé kocho. Il est cuit et servi en galette. Ce pain constitue la base de l’alimentation des Dorze.

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Et pendant que le kocho cuit pour nous, les enfants sympathisent avec les enfants du village.

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On nous sert du kocho, accompagné de miel local et d’un alcool local à base de sorgho, de maïs et d’ail appelé harake. En bonne Française, je préfère ma baguette !

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L’utilisation de l’ensète ne s’arrête pas au kocho. Lorsqu’un ensète est abattu, rien n’est jeté. Outre le tronc, les Dorze exploitent aussi les racines, qui, en étant raclées, servent à confectionner du bulla, sorte de porridge. Les feuilles servent à recouvrir les huttes, à envelopper la nourriture, à nourrir le bétail, à confectionner des chapeaux, des nattes, des paniers et elles font même un bon combustible ! Les fibres végétales sont utilisées pour tisser des cordes très résistantes ; les graines pour fabriquer des colliers. Sans parler des vertus médicinales de la plante que lui attribuent les guérisseurs ! Pas étonnant que le village en soit peuplé !

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Une femme Dorze montre à Timéo comment utiliser un bidon d’eau comme une percussion

Une femme Dorze montre à Timéo comment utiliser un bidon d’eau comme une percussion

Nous terminons notre tour du village par la visite de la coopérative de tissage, artisanat pour lequel les Dorze sont célèbres. Nolan est fasciné.

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J’ai beaucoup apprécié la visite de Dorze, qui est un charmant village. Je ne me suis jamais sentie agressée. Quelques enfants s’acharnent à vendre leurs colliers ou à demander des t-shirts (d’autres touristes sont passés par là…) mais rien de méchant.

Nous repassons par Arba Minch pour le déjeuner (au Bekele Molla sur notre demande ; c’est notre endroit favori à Arba Minch) puis nous filons en direction du sud, vers le pays Konso.

KONSO

Il nous faudra un peu moins de deux heures trente pour rejoindre Konso depuis Arba Minch. La route goudronnée laisse vite place à de la piste. A chaque fois qu’un camion nous croise, nous devons fermer la fenêtre et le chauffeur est forcé de conduire à l’aveuglette pendant quelques secondes.

Quelques kilomètres avant d’arriver à Konso, nous prenons en stop un policier. Alex fume intérieurement. Mais nous n’avons pas tellement le choix.

Il se fait tard quand nous arrivons à Konso (16h30), mais nous décidons quand-même de tenter la visite d’un village. Le bureau des guides est fermé (impossible de mettre le pied dans un village konso sans un guide du coin ; en outre, il faut payer un droit de passage). Un homme monte dans notre minibus et nous partons chercher le guide chez lui. Là on nous dit qu’il est au bar, alors on va le chercher au bar ! Il n’y a pas de réseau ici ; on fonctionne à l’ancienne !

Finalement nous partons visiter le village de Gemole.

Les Konso fonctionnent selon un système clanique. 9 clans, chacun dirigé par un chef, sont répartis dans 42 villages. Certains villages sont plus visités que d’autres ; c’est le cas de Mecheké, Arfaide, Busso, Ghersegio et Gemole.

Les Konso sont de fins agriculteurs. Au cœur de la vallée du Rift, ils ont su apprivoiser la terre aride par un ingénieux système de cultures en terrasses. Les cultures dominantes sont le coton et différentes variétés de graminée (millet, sorgho) ; on fait également pousser du mais, du soja, du khat (plante endémique dont les feuilles sont « mâchées » pour leur effet euphorisant). En 2011, le pays konso a été classé au patrimoine mondial de l’humanité. Bien que jolis, les paysages ne valent pas les rizières en terrasses de Bali. Mais on ne va pas se plaindre.

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En revanche, les villages konso sont vraiment particuliers et méritent à eux seuls le détour jusqu’ici. C’est du moins mon avis.

A mon grand regret, nous ne visiterons qu’un village konso, celui de Gemole. Je recommande aux voyageurs qui passent par le pays konso de prendre le temps de visiter plusieurs villages. Pour ma part, je suis restée un peu sur ma faim. Un autre conseil : essayer de visiter les villages quand les enfants sont à l’école. Sans être méchants, ces derniers ont beaucoup perturbé notre visite.D’autant que nous avions déjà les deux nôtres à gérer ! Mais eux par contre étaient contents ! L’architecture, ils s’en fichent. Ce qui les intéresse, ce sont les animaux et les enfants. Timéo est particulièrement intrigué par les enfants pieds-nus.

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Quant à Nolan, il reste toujours en admiration devant les hommes et les femmes qui portent de lourdes charges. C’est sur sa demande que j’ai pris cette photo.

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Comment s’organise un village konso ?

Les villages konso sont fortifiés et construits en hauteur, de façon à voir facilement l’ennemi approcher. Le touriste qui s’aventure dans un village konso doit donc s’attendre à souffler ! Dans l’enceinte, le long d’un escalier en pierre qui n’en finit pas de monter, s’alignent les concessions, délimitées par des troncs tressés.

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Une ouverture est laissée pour l’entrée.

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Plus d’une fois, nous devons retenir Timéo et Nolan qui – attirés par les cris des animaux (moutons, vaches, chèvres, poules) – franchissent les portes sans se poser de question. Cela nous donne l’occasion de voir comment s’organise l’espace habitable. Celui-ci est constitué d’une ou deux huttes familiales et plusieurs petites huttes qui font office de grenier à grain ou d’abri à bétail. Toutes sont sur le même modèle : de forme circulaire et faites d’un mur de pisé (mélange de paille et de terre) et de bois et d’un toit de chaume coiffé parfois d’une poterie en guise de décoration.

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Plusieurs places publiques, appelées mora, sont disséminées dans le village. Elles fournissent à nos deux petits monstres des occasions de se défouler un peu. Sur chacune de ces mora s’érige un olayta, un curieux assemblage de mâts en bois de genévrier, et une pafta, hutte communautaire.

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Tous les dix-huit ans, à l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle génération, un nouveau mât est ajouté à l’olayta. Ainsi, en comptant le nombre de mâts et en multipliant par dix-huit, on obtient l’âge du village.

A la différence des huttes familiales, les pafta bénéficient d’un solide mur en pierre. Avec leur magistral toit de chaume, elles se voient de loin et fonctionnent comme un phare pour le visiteur konso qui sait d’emblée où se diriger.

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Construites sur deux étages, elles accueillent la nuit les visiteurs konso de passage et les jeunes du village qui dorment à l’étage, et la journée les villageois, qui s’y retrouvent, et viennent profiter de la fraîcheur qui y règne. Cette construction amuse beaucoup nos enfants.

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Quand nous arrivons à Konso, il fait déjà nuit. Nous dînons au restaurant de l’hôtel Saint Mary, avant de nous rentrer au Strawberry Fields Ecolodge.

INFOS PRATIQUES:

Où loger à Konso ?

Strawberry Fields Ecolodge

Après avoir « visité » trois hôtels (Edget Hotel, St Mary Hotel et Strawberry Fields Ecolodge), nous choisissons finalement de rester dans le dernier qui se trouve un peu à l’écart du village. Les deux autres sont dans le centre ville de Konso. Nous les avons fui par peur du bruit le soir (musique) et parce que les chambres sont tout simplement pourries. Le Strawberry Fields Ecolodge s’est avéré un bon choix, malgré son prix largement surévalué (500 Birr la chambre triple). C’est sommaire, mais calme.  Le ciel étoilé est splendide et au réveil la vue est belle.

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Où manger à Konso ?

Pas beaucoup de choix à part le Saint Mary. Mais nous n’avons pas aimé. Les pâtes sont froides, les portions sont ridicules, et les prix s’enflamment. Quant aux toilettes, mieux vaut se retenir.


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