Visiter Banjarmasin (Bornéo) en plein Ramadan
BANJARMASIN – 3-5 août 2012
Banjarmasin est la capitale de Kalimantan Sud, la plus petite des quatre provinces indonésiennes de Bornéo. La ville, en partie bâtie sur l’eau, est connue pour ses marchés flottants, le marché de Kuin, le plus célèbre, et celui de Lokbaitan. Quand j’ai appris que des marchés aux gâteaux fleurissaient dans la ville pendant la période du Ramadan, Banjarmasin m’est apparue comme la destination idéale pour entraîner ma famille loin de l’hostile Jakarta le temps d’un week-end du mois d’août.
Nous arrivons de nuit à Banjarmasin et logeons à l’hôtel Amaris. Le lever à cinq heures est difficile pour tout le monde. A cinq heures et demi, notre petit-déjeuner précieusement emballé dans de belles boîtes en carton, nous rejoignons Yusuf, notre guide, dans la voiture qui nous conduit à l’embarcadère en moins d’une demi-heure. Il fait encore nuit lorsque nous embarquons pour Lokbaitan sur un petit canot à moteur. Le jour se lève très vite. Bientôt, nous apercevons le soleil qui pointe son nez derrière les palmiers.
Nous arrivons à point à Lokbaintan pour voir les premières barques s’activer au milieu du fleuve. Je me demande comment les vendeurs – ou plutôt les vendeuses car ce marché est une affaire de femmes – savent que le marché se tient précisément à cet endroit ; pour moi toutes les maisons du fleuve se ressemblent et je ne trouve aucun point de repère. Baigné d’une chaude lumière de lever du jour, le marché offre un festival de couleurs. Les femmes sont voilées et vêtues d’habits traditionnels de toutes les teintes : un sarong en bas et une chemise en haut (qu’on appelle kebaya). Par-dessus leur voile certaines portent déjà leur large chapeau en feuilles de bananes, tandis que d’autres l’ont posé à leurs pieds. Le visage de certaines femmes est couvert de traces blanches. Yusuf m’apprend qu’il s’agit de la crème solaire locale, que les femmes fabriquent à partir de l’écorce d’un arbre et de farine de riz. Sur les barques, dont certaines sont peintes, s’étalent diverses marchandises : fruits et légumes locaux, oranges, goyaves, bananes, mangues, papayes, noix de coco, citrouille, concombre, oignons, et autres dont je ne connais pas le nom, gâteaux, poulet – parfois vivants, également des produits manufacturés comme des sachets de lessive ou de Knorr. Je m’étonne de ne pas voir de poisson. Les transactions se font au moyen d’argent ou du troc. Les femmes se font leur marché entre elles. Peu de gens viennent acheter sans avoir quelque chose à vendre en retour. Quelques bateaux de touristes, plus ou moins gros, viennent se mêler aux barques. Mais leur nombre reste tout à fait honorable.
Déjà une heure que nous sommes là à admirer le manège coloré des marchandes. Il est temps de repartir. Sur le trajet du retour, j’observe la vie des habitants du coin entièrement tournée vers le fleuve. Au loin, j’aperçois de temps à autre une mosquée au toit argenté. Sur chaque rive, des baraques en bois parfois branlantes se tiennent sur pilotis. Du linge de couleur sèche sur les fils tendus à l’extérieur. Les portes d’entrée font face au fleuve, et même celles des boutiques, ce qui signifie que les seuls clients de ces échoppes arrivent par le fleuve. Je m’amuse de la simplicité des latrines : devant chaque maison, souvent au bout d’une jetée, une petite baraque faite de quatre planches de bois et d’un toit en tôle fait office de toilettes. Un trou dans une planche et le tour est joué. Mieux vaut ne pas y penser quand on voit les femmes s’y laver, tout habillées, ou laver leur vaisselle et leur linge. On voit très peu d’hommes sur les barques. Ces sont les femmes qui rament. Les hommes eux conduisent les bateaux à moteur, qui parfois tractent un, deux, voire trois barques, dont les propriétaires sont fatiguées de ramer.
La balade terminée, nous allons récupérer nos bagages à l’hôtel Amaris d’où nous prenons un taxi pour l’hôtel Mercure où nous avons réservé pour une nuit.
A l’heure du déjeuner, nous avons une mauvaise surprise. Nous apprenons que pendant le Ramadan, tous les restaurants, même ceux des hôtels, sont fermés du lever du jour (vers six heures du matin) à la tombée de la nuit (vers six heures du soir). C’est la loi. Seuls les supermarchés sont ouverts. Comme le Room Service fonctionne, nous commandons des plats et déjeunons dans notre chambre d’hôtel.
En fin d’après-midi, nous partons à pieds visiter le Pasar Wadai, ou « marché aux gâteaux », qui ne se tient qu’en période de Ramadan. Il est cinq heures passé et les gens commencent à s’activer. Les restaurants se remplissent alors même que les gens n’ont pas encore le droit de manger. Le trajet à pieds s’avère être peu agréable (circulation, pas de trottoirs). Nous décidons de prendre un bajaj (auto-rickshaw). Nolan est content. Moi aussi. Banjarmasin me rappelle un peu certaines villes indiennes. Les routes y sont de taille humaine, contrairement à Jakarta.
Le chauffeur nous dépose devant l’entrée du Pasar Wadai. C’est petit, mais l’excursion vaut vraiment le détour. Je m’attendais à un marché essentiellement de stands de gâteaux, mais c’est un peu plus. Le marché consiste en une unique allée bordée de chaque côté par des stands de divers produits : jouets et nourriture surtout. L’allée est également occupée par des vendeurs ambulants : barbe à papa, ballons, jeux, bakso (soupe avec des boulettes de viande ; le plat de rue indonésien par excellence). Les stands de gâteaux sont appétissants. Nous achetons trois types de pâtisserie : kelelepon, boules vertes recouvertes de noix de coco râpées et fourrées au sucre roux liquide (l’équivalent des onde onde en Malaisie), bingka berandam (jaune) et bingka kentang. Par respect pour les gens qui nous entourent, nous attendons avant de les manger. Sauf Nolan ! Mais à 3 ans, il est excusé. Nous nous attardons au stand d’un vieil homme qui vend des ingrédients pour des remèdes traditionnels. Des écorces d’arbre et des noix essentiellement.
Il est bientôt 18 heures. Le marché est bondé. Les gens font leurs provisions en prévision du moment où ils vont rompre le jeûne (après la prière du coucher du soleil, soit vers dix-huit heures trente). Soudain, l’appel à la prière (connu en Indonésie sous le nom de azan) lancé par le muezzin se fait entendre. Le marché se vide d’un coup. Les fidèles prennent le chemin des mosquées. Arrivés au bout du marché, nous faisons demi-tour. Avant de quitter les lieux, nous payons un tour de manège bien local à Nolan. Pour rentrer à l’hôtel, nous prenons un becak (prononcer « bétchak »). Enfin plutôt deux car nous ne tenons pas à trois et demi dans un ! La course est agréable. Nous tombons dans la bonne heure. Tout le monde est en train de manger.
Nous dînons à l’hôtel. Le lendemain nous retrouvons Yusuf pour une promenade dans les canaux de la ville. Les habitants des canaux nous gratifient de larges sourires et de signes de la main.
Notre séjour à Banjarmasin touche à sa fin. Nous nous envolons vers Jakarta la tête remplie de belles images. Un moment l’avion s’anime subitement. Je ne comprends pas pourquoi. C’est alors qu’une hôtesse annonce dans le microphone que c’est l’heure de rompre le jeûne. Les passagers se jettent littéralement sur leurs provisions. Deux rangs devant moi, un passager essaye d’abord d’ouvrir précautionneusement son paquet de biscuits. Comme il n’y arrive pas, il se met à tout arracher. Je souris doucement dans mon coin…
Infos pratiques
Hôtels :
Amaris
Une cage à lapin mais ça a le mérite d’être propre et bon marché. Très bon service. A mi-chemin entre l’aéroport et l’embarcadère pour le marché flottant de Lokbaintan.
Victoria
Recommandé par notre guide, car proche de l’embarcadère. Apparemment il faut compter 350 000 IDR/450 000 IDR la nuit. Je n’ai pas recommandation à donner sur cet hôtel sachant que je n’y ai jamais mis les pieds.
Mercure
Tout neuf à la date où nous y avons séjourné. Un très bon hôtel d’affaires.
Guides :
Guntur : +62 (0)81349310133
Mukani : +62 (0)81351500500
Yusuf : +62 (0)81347325958
Distances et durées :
Depuis votre départ de l’embarcadère jusqu’à votre retour au même point il faut compter 3 heures. 1 heure de bateau de l’embarcadère jusqu’au marché flottant de Lokbaintan. Puis 1 heure sur place. Et 1 heure de trajet retour. A cela, il vous faut ajouter le transfert de votre hôtel jusqu’à l’embarcadère. Depuis l’hôtel Amaris jusqu’à l’embarcadère, il faut compter 7km, soit une demi-heure de trajet en voiture.
Départ de l’embarcadère à 6 heures du matin. Retour 9 heures.
L’aéroport se trouve à 26 km du centre, qu’on rejoint approximativement en 30 minutes.
Tarifs :
Yusuf, notre guide, nous facture le transfert depuis l’hôtel Amaris jusqu’à l’embarcadère aller retour 100 000 IDR, 500 000 IDR pour l’excursion au marché de Lokbaintan, et 200 000 IDR pour la balade en bateau dans les canaux. Ces prix sont tout à fait raisonnables.
Une course en becak du Pasar Wadai jusqu’au Mercure : 12 000 IDR
Une course en bajaj du Mercure au Pasar Wadai : 10 000 IDR
Une course en taxi de l’aéroport à l’hôtel Amaris : 75 000 IDR
Une nuit à l’Amaris : 375 000 IDR
Une course en taxi de l’hôtel Amaris jusqu’à l’hôtel Mercure : 25 000 IDR
Merci Stéphie de nous faire partager tes découvertes et aventures . C un grand plaisir de te lire , ce que j’ai fait avec beaucoup d’interêt .. Continue à nous tenir au courant de votre vie passionante ( pas trop facile avec deux petits j’imagine ) .. Au plaisir de te revoir , tout au moins de te lire .. A bientôt . Brigitte