Pantai Bira (Sulawesi)
Bira, tu l’oublieras pas !
En quête perpétuelle de nouvelles destinations pour nos échappées du week-end, nous nous laissons tenter par la plage de Bira – Pantai Bira en indonésien – située sur l’île de Sulawesi, à plusieurs heures de route de Makassar (appelé aussi Ujung Pandang). Présentée par le Lonely Planet comme un village « délicieusement somnolent et prisé des baroudeurs pour ses prix très raisonnables », encensée par un voyageur croisé à Sabang, ainsi que par certains internautes qui la présente comme un paradis[1] préservé du tourisme et offrant l’une des plus belles plages d’Indonésie, la petite station balnéaire de Bira s’avérera être une belle arnaque.
Deux heures vingt-cinq minutes d’avion, une nuit dans un bel hôtel de Makassar et cinq heures quinze minutes plus tard, nous voici arrivés sur la fameuse plage.
Certes la plage de Pasir Putih Bira (Pasir Putih : « sable blanc » en indonésien) porte bien son nom : le sable est d’une blancheur parfaite. Certes l’eau est bleu turquoise. Mais la couleur de l’eau et du sable ne font pas tout. La plage est maculée de déchets. Si la mer charrie sa part de détritus, les habitants et les touristes indonésiens sont les premiers responsables de ce spectacle désolant. Totalement indifférents devant l’amoncellement des déchets, ils enchérissent même en y jetant leurs propres ordures. La seconde plage de Bira, à l’Est (Pantai Timur), n’est pas plus à la hauteur de nos attentes. D’abord persuadée de m’être trompée de destination, tant la description de cette plage par le Lonely Planet et autres voyageurs sur la Toile s’éloignait de ce que j’avais sous les yeux, c’est avec surprise et déception que j’apprends par un pêcheur du coin que nous sommes bien sur Pantai Timur. Tu parles d’une plage de rêve ! Elle est jonchée de détritus ! Je plains sans les blâmer les pauvres familles de pêcheurs qui n’ont que faire de vivre au beau milieu des déchets, qui s’étendent jusqu’aux pieds de leurs baraques de fortune aménagées derrière la plage. L’hygiène, et encore moins l’écologie, sont bien les cadets de leurs soucis. J’incrimine en revanche les touristes indonésiens que j’ai souvent pris en flagrant délit d’abandon d’ordures sur une plage ou sur la voie publique, ou même de jet de déchets à travers la vitre d’une voiture ! Après deux années passées en Indonésie, je n’arrive pas à comprendre que ces gens – qu’on devine issus de classes sociales favorisées puisqu’ils roulent dans des grosses voitures et voyagent en avion – n’aient pas la moindre conscience écologique et le moindre respect pour leur beau pays !
Quant au village de Bira, si je devais le décrire, je dirais que c’est une route bitumée, le long de laquelle s’étirent de petites pensions – la plupart chères pour la qualité médiocre et la pauvreté des services qu’elles offrent – de restaurants locaux et d’échoppes pour touristes proposant tous des t-shirts I love Bira, et qui s’arrête brusquement sur un front de mer. Une station balnéaire banale, dénuée de tout charme. Et tout sauf somnolente, en particulier le week-end !
Dès le vendredi, qui était férié en Indonésie (Pâques), je n’ai pas été étonnée de voir débarquer des hordes de touristes indonésiens. Ils viennent profiter des plaisirs de la plage, baignade et différentes attractions proposées par les familles de pêcheurs du coin : location de chambres à air (en guise de bouée), pédalos, sorties en mer, tour de banane tractée par un bateau à moteur. A la tombée du jour, on dirait que tous les touristes se sont donnés rendez-vous sur la plage pour venir admirer le beau coucher de soleil, devant lequel ils prennent en photo leurs groupes d’amis ou leur amoureuse.
La station balnéaire offre peut-être d’autres attraits dont nous n’avons pas profité, comme le snorkelling, la plongée ou la randonnée (mais je serais curieuse de savoir où…), mais en aucun cas elle n’est la destination idéale pour ceux qui – comme nous – recherchent à poser leurs valises dans un bungalow sur une plage déserte de rêve et ne plus y bouger si ce n’est pour se jeter à l’eau en se levant le matin !
Pour cela, il faut aller loin, très loin. Kei, dans les Moluques, ou Kri, dans les Raja Ampat.
Morale de l’histoire : ne jamais se fier à l’avis d’un seul voyageur rencontré rapidement à la terrasse d’un restaurant ; poursuivre la recherche plus loin que les seules recommandations d’UN guide touristique et d’UN blog de voyageur ; et surtout ne pas se laisser berner par les descriptions alléchantes du site Internet d’une pension[2] qui ne cherche qu’à louer ses chambres. Je me croyais pourtant avertie en la matière. Je me suis laissée illusionnée. Cette expérience me servira de leçon. J’aurais surfé un peu plus sur le net, j’aurais découvert des recommandations moins avenantes comme celle de Rachel qui écrit : “So, Bira is definitely not the peaceful idyll that some guidebooks and people would have you believe. It’s a small but bustling tourist place, with plenty of places to stay and eat, and lots of shops to buy your Sulawesi t-shirts.”[3]
Si l’on ajoute au tableau le fait que j’ai passé ma première nuit à me battre avec des fourmis dans un hôtel miteux (le Bira Beach Hotel) et que je ne suis fait voler mes belles sandales toutes neuves sur la plage, il est certain que mon expérience à Bira, non, je ne l’oublierai pas !
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