Jour 2 : Découverte de Jayapura, capitale de la province de Papouasie

Samedi 1er juin 2013.

Après une nuit plutôt correcte et un atterrissage tout en douceur, un défi rarement relevé pour les pilotes de Lion air, me voici à Jayapura, capitale de la province de Papouasie. Le temps, très nuageux, promet de la pluie d’ici peu.

L’île de Nouvelle Guinée est séparée en deux : à l’est, l’Etat indépendant de Papouasie-Nouvelle-Guinée, à l’ouest, la partie indonésienne, anciennement nommée Irian Jaya, et aujourd’hui divisée en deux provinces, au nord la Papouasie occidentale, avec comme capitale Sorong, et au sud la Papouasie, dont la capitale est Jayapura.

A l’aéroport de Jayapura, je suis accueillie par Bob, qui m’informe que mes compagnons m’attendent à l’hôtel Rasen. Mais avant de les rejoindre, nous devons attendre l’arrivée de mon bagage, qui a voyagé sur un autre vol, car mon avion était plein. Nous avons donc longuement le temps de faire connaissance. Bob me présente Marius, guide comme lui, Acit, chauffeur, et Ferry, qui sera notre cuisinier lors de notre expédition chez les Korowai.

Nous nous installons à la buvette de l’aéroport, où je commande un thé au lait (te susu) et un roti coklat (« roti au chocolat »). Le roti est un pain indien cuit sur le gril et qui s’apparente à une crêpe. Il se mange habituellement nature, pour accompagner les plats en sauces. Les Malaisiens et les Indonésiens les dégustent aussi au petit-déjeuner, avec de la margarine fondue et du sucre ou du lait concentré (roti mentega gula), tartinés de chocolat (roti coklat) et même parfois de chocolat et de fromage râpé (roti coklat keju) !

Bob sera notre guide durant toute la durée de notre périple en Papouasie. Il n’est pas originaire de Papouasie, mais il y vit depuis qu’il est enfant. Il est connu ici. Et il a sa petite notoriété. Il a accompagné des équipes de scientifiques ou de télévision aux quatre coins de la Papouasie. Il me parle entre autres de la série documentaire Living with the Tribes : The Adventures of Mark and Olly, diffusée sur la chaîne américaine Travel Channel. Bob a accompagné les explorateurs britanniques Mark Anstice and Oliver Steeds, et leur équipe, jusque chez les Kombai, puis chez les Mek (1).

Mon bagage arrive enfin. Durant cette longue attente, je n’aurais entrevu qu’un Blanc. Bob et Acit me déposent à l’hôtel, où je retrouve Filomena, Fayes et Robyn, et où je fais la connaissance de Johanna, venu directement de Surabaya, et de David et Heather, venus tout droit d’Australie. Mis à part David, le fils de Filo, qui a quelques années de moins que moi, et Johana, qui doit en avoir une dizaine de plus, mes compagnons de voyage sont bien plus âgés que moi. Nous discutons de choses et d’autres autour d’un petit-déjeuner qui vient agréablement compléter celui que j’ai pris à l’aéroport. Dehors, la pluie tombe drue.

Quand nous sortons pour aller découvrir les environs, la pluie tombe toujours, mais moins fort. Nous allons faire un tour sur le marché de Jayapura.

A en croire le parking, le scooter est le moyen de transport favori des habitants de cette ville !

Rangée de scooters au marché de Jayapura

Les Papous viennent se fournir ici en fruits et en légumes,…

marche-jayapura-legumes (2) marche-jayapura-legumes (1)  marche-jayapura-legumes (4)

marche-jayapura-legumes (3)

…mais aussi en farine de sagou. Extraite de la pulpe du palmier sagoutier, la farine de sagou constitue la base de l’alimentation de tous les Papous. Elle est vendue sous la forme de blocs, découpés en parts.

marche-jayapura-sagou (2)  marche-jayapura-sagou (1)marche-jayapura-sagou (3)

Le marché de Jayapura abrite également tout un éventail de petits magasins qui se cachent dans les allées assombries par les toits de : sacs d’école, linge de maison, vêtements, jouets, chaussures, mercerie…

C’est l’occasion pour nous de découvrir, comme pour le sagou, un autre élément traditionnel de la culture papoue : le noken. Traditionnellement noué ou tissé à partir de fibres végétales, ce sac filet multi-usages utilisé par tous les Papous, les femmes comme les hommes, est aujourd’hui fabriqué dans les villes à partir de fibres synthétiques colorées. Entre le ciel bas chargé de nuages, les toits de tôle, et les bâches qui assombrissent les allées (mais protègent de la pluie, ou du soleil quand il est là), ces notes de couleur apportent une touche de peps bienvenue dans cette grisaille ambiante.

marche-jayapura-couleurs

Après le marché, direction le lac Santani, à 25 kilomètres de la capitale.

J’apprécie la promenade en bateau pour découvrir la vie des pêcheurs sur le lac, mais LE souvenir de cette journée restera incontestablement pour moi la vue imprenable sur le lac depuis les sommets des collines environnantes (voir mon article Le lac Santani : un miroir d’eau dans un écrin de verdure). Inondé des rayons du soleil tombant, le paysage devient magique.

Le lac Santani du haut d'une colline

Je découvre petit à petit mes compagnons de voyage. Filo est infatigable. Elle veut aller toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus longtemps. C’est un sacré petit bout de femme. David est discret et calme, tout comme Heather et Robyn. Fayes est toujours enthousiaste. Quant à Johana, elle est très spontanée et de nature curieuse.

Tandis que les autres restent sur le site pour attendre le coucher du soleil, Johana et moi rentrons à l’hôtel. Je préfère être raisonnable : j’ai très peu dormi dans l’avion la nuit dernière, je suis arrivée aux aurores à Jayapura (5h50, soit 3h50 à Jakarta), et depuis je n’ai fait qu’une sieste de vingt minutes. Je ne préfère pas tirer sur la corde et réserver mon énergie pour le périple qui m’attend demain !

Un peu plus tard, Johana et moi rejoignons le reste du groupe au restaurant Mickey. Nous mangeons très bien. Mais comme d’habitude, les Indonésiens nous prennent pour des ogres… les portions sont gigantesques !

Mais ce qui m’étonne le plus ici, c’est le nombre de blancs. Ceux-là apparemment ne sont pas des touristes, mais des missionnaires, avec leurs familles entières. Je n’ai pas beaucoup de respect pour cette catégorie de personnes. Autant je respecte toutes les religions, autant je trouve indigne toute forme de prosélytisme. Je comprends mieux maintenant la présence de toutes ces églises sur le lac Santani… et pourquoi j’ai vu des Papous habillés en costume et en cravate, ce qui est pour le moins incongru.

Ce soir-là, je me couche tôt. Vivement demain !

(1) Pour en savoir plus sur ce programme (en anglais) : http://www.tv.com/shows/living-with-the-tribes-the-adventures-of-mark-and-olly/