Korowai J2 (2/2) : Le lac Santani : un miroir d’eau dans un écrin de verdure
L’île de Nouvelle Guinée est séparée en deux : à l’est, l’État indépendant de Papouasie-Nouvelle-Guinée, à l’ouest, la partie indonésienne, elle-même divisée en deux provinces : la Papouasie occidentale au nord (Papua Barat), et la Papouasie au sud (Papua).
Jayapura est à la Papouasie, ce que Sorong est à la Papouasie occidentale : une capitale, une grande ville sans charme, un lieu de transit. Sorong est la porte d’entrée pour l’archipel de Raja Ampat (lien vers article Raja Ampat). Jayapura celle pour le poumon vert de la Papouasie indonésienne.
Jayapura
Pour la plupart des touristes (sauf pour ceux qui atterrissent directement à Wamena, porte d’entrée pour la Vallée du Baliem), Jayapura est la première escale en territoire papou. La ville offre peu d’intérêt touristique, mais elle permet – à celui qui veut bien se donner la peine – d’appréhender des rudiments de la culture papoue. Au marché de Jayapura, le visiteur découvrira les éléments de base de l’alimentation des Papous, notamment le fameux sagou (voir mon article : Découverte de Jayapura, capitale de la province de Papouasie. En fréquentant certains restaurants, comme le populaire Mickey, il ne lui faudra pas longtemps pour comprendre pourquoi les églises ici abondent. Si Jayapura est la porte d’entrée pour visiter la province de Papouasie, elle l’est aussi pour évangéliser ses populations. De nombreux missionnaires venus du monde entier sont installés ici. Et cela ne date pas d’hier. Ils trouvent à Jayapura, plus grande ville de Papouasie indonésienne, des commodités que les autres villes de Papouasie n’offrent pas.
Mais qu’on se le dise, Jayapura cache quand-même, à une vingtaine de kilomètres plus loin, un trésor méconnu, un miroir d’eau dans un écrin de verdure : le lac Santani. En juin 2013, à l’occasion d’une escale à Jayapura avant de rejoindre le territoire des Korowai, mes compagnons de voyage et moi-même avons découvert ce lieu enchanteur.
Le lac vu d’en bas, à la rencontre des familles des pêcheurs
Samedi 1er juin 2013. En fin de matinée, nous embarquons depuis un petit village de pêcheur à bord d’une pirogue à moteur.
D’une superficie de 100 km², le lac Santani compte 19 petites îles végétales, toutes peuplées de villages de pêcheurs, qui habitent au bord de l’eau dans des maisons sur pilotis, en bois et en tôles. Depuis le canot à moteur, je ne trouve pas le paysage particulièrement attrayant. Les distances qui séparent les îles des autres sont assez grandes, et il est difficile de se faire une vue d’ensemble.
Je remarque quelques églises, dont les toits en tôle colorée, en harmonie avec le reste, pointent au-dessus des maisons.
Quand ils nous voient, les enfants nous font un signe de la main, depuis une rive ou une pirogue. En France, si on voit un enfant sauter dans un canot à quai, on craint pour sa sécurité, et on le gronde. Ici, et dans bien d’autres endroits au monde, les enfants savent manœuvrer seul la rame dès leur plus jeune âge.
Nous faisons une halte sur l’une des îles. Le petit village dans lequel nous débarquons respire le calme et la tranquillité. Les cochons font partie du paysage.
Les hommes sont absents. Il n’est pas difficile de deviner qu’ils sont au travail, à la pêche. Les femmes quant à elles sont rassemblées sur la place du village, où elles tentent, tant bien que mal, de vendre les fruits de l’artisanat local. Les Papous de Sentani sont réputés pour la peinture sur écorce, appelé Maro. Réalisées avec des pigments naturels, ces peintures représentent des motifs traditionnels, qui ne sont pas sans me rappeler l’art des aborigènes d’Australie. Je trouve cela très beau. Et je ne résiste pas à l’envie d’acheter une œuvre (et même deux finalement !). Mais le choix n’est pas simple !

Le mur d’une maison en bois peint dans le même style
Avant de quitter l’île pour aller déjeuner dans un restaurant sur le lac, nous grimpons en haut de la colline, où nous découvrons non seulement un beau point de vue sur le lac, mais aussi une église et une école, et des écolières qui se prêtent avec plaisir et bonne humeur à des séances de photo.
D’autres petites filles, plus jeunes, nous escortent sur le chemin du retour. Apparemment toute la gent masculine, enfants compris, a déserté l’île pour aller à la pêche !
Le lac vu d’en haut, des collines vertes et dansantes
Si le lac donne l’occasion de belles balades en bateau, permettant d’aller à la rencontre des populations locales, il offre surtout, et c’est ce que je retiendrai le plus de cette journée, des paysages magnifiques que l’on peut observer du haut des collines vertes environnantes. Le chauffeur nous dépose près du village de Dayo Lama. Marius, notre guide d’un jour, nous accompagne pour une petite randonnée dans les hauteurs. J’entends déjà mon genou faire des siennes. Malgré un soleil boudeur, la balade vaut largement le détour. La vue sur le lac est inhabituelle et splendide. Les collines ondulent à perte de vue et sur leurs flancs, des forêts viennent se perdre dans les eaux du lac.
Sur le chemin du retour, Alex m’appelle. C’est ce moment que le soleil choisit pour pointer enfin le bout de son nez. Sa lumière diffuse vient alors sublimer le paysage et son dégradé de vert. Je profite amplement de la beauté et du calme des lieux, le temps de recharger mes batteries pour le long voyage qui m’attend demain.
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