Portrait d’Addis Abeba
Aujourd’hui, Nolan et moi avons visité le musée ethnologique, niché au cœur de l’Université d’Addis Abeba (AAU). Classé en tête des attractions de la ville par les guides touristiques, il est vrai que ce musée vaut le déplacement. Le court récit de cette visite me donnera également l’occasion de vous « parler » plus largement de la capitale éthiopienne, d’autant que nous la quittons demain pour filer vers le Sud.
Visiter un musée ethnologique avec un enfant de 4 ans et demi, c’est plutôt fun. Le musée réunit toute une collection d’objets, parfois insolites aux yeux d’un adulte, alors que dire de ceux d’un enfant ! Je me suis souvent amusée des réponses de Nolan à ma question : à ton avis, qu’est-ce que c’est ?

Embarcation traditionnelle appelée tankwa fabriquée en papyrus et utilisée par les pêcheurs qui vivent sur les îles du lac Zway (ou Ziway) ; réponse de Nolan : une fusée ? une tour Petronas ? (pour information, les tours Petronas sont les tours jumelles plantées au milieu de Kuala Lumpur, capitale de la Malaisie)

Porte sculptée en bois massif. Réponse de Nolan : c’est pour grimper sur la playground (« aire de jeux ») (il est vrai que cette porte ferait un beau mur d’escalade pour enfants…)
Au-delà de l’aspect ludique, le musée ethnologique offre un bel aperçu de la diversité ethnique du pays. J’aurais préféré une présentation par ethnie, plutôt que par thématique (la guerre, le mariage, l’islam, le café, etc.) comme c’est le cas ; mais il est vrai aussi que les ethnies partagent de nombreux us et coutumes. En outre, les panneaux explicatifs en amharique et en anglais sont clairs et les objets à l’appui (voire les reconstitutions comme celle d’une tente afar) sont pertinents. Aménagé dans l’ancien palais de Haïlé Sélassié (le fameux et dernier empereur d’Ethiopie), le musée propose en bonus un coup d’œil à la chambre et la salle de bain de l’empereur.
Si le musée ethnologique mérite une visite, on ne peut pas dire de même pour tous les lieux soi-disant incontournables d’Addis Abeba présentés dans les guides touristiques.
A dire vrai, en dix jours passés dans la capitale éthiopienne, nous n’avons pas fait beaucoup d’efforts pour explorer la ville. Nous nous sommes majoritairement cantonnés au quartier de Bole, où était située notre Guest House. Pour le reste, nous avons laissé faire les autres convives et avons pris notes de leurs commentaires, peu engageants dans l’ensemble. Si l’on rassemble les visites entreprises par les vingt-deux invités de Raphaël (moi y compris), un bon nombre des attractions touristiques d’Addis Abeba ont été passées en revue. La gare, appelée Lagar par les Ethiopiens, n’a d’intérêt (peut-être) que si on a la chance de la visiter avec un guide qui sait de quoi il parle, sinon ce n’est qu’une vieille bâtisse jaune décrépie. J’ai aimé les inscriptions en amharique et français.
Les collines d’Entoto offrent un beau panorama sur Addis et une bonne bouffée d’oxygène, mais c’est tout. Le Merkato n’a rien de traditionnel. Dans cet immense marché de gros où les petits commerçants viennent s’approvisionner, on trouve plus de produits made in China que d’artisanat. Quant au complexe thermal des sources chaudes de Filohewa, je ne le recommanderais pas. Nous y avons passé un bon moment entre invités de Raphaël et nous avons apprécié de prendre une douche car celle de notre Guest House manquait cruellement de pression, voire parfois d’eau ; mais en dehors de ce contexte, ce site n’a aucun intérêt. En bref : Addis Abeba n’a pas franchement d’intérêt, si ce n’est son musée ethnologique… et ses restaurants gastronomiques et ses azmari bets (bars musicaux).
Même si je n’ai pas visité beaucoup de sites touristiques à Addis, les nombreux allers et venues en taxi et en minibus, et à pied dans le quartier de Bole, m’ont permis de me faire une bonne idée générale de la ville.
La capitale éthiopienne ressemble à beaucoup de grosses villes africaines que nous avons traversées. Peu attractive, poussiéreuse et polluée. L’âge avancé des véhicules y est pour beaucoup. La pollution est hors compétition avec celle de Jakarta par exemple, mais l’altitude la rend particulièrement difficile à supporter. A 2400 mètres d’altitude, les poumons manquent d’air ; ils cherchent à s’ouvrir plus profondément et aspirent encore plus de pollution qu’ils ne le feraient ailleurs. Et le pire, ce n’est pas dehors, mais à l’intérieur même des taxis dans lesquels l’air saturé de gaz d’échappement est irrespirable. Je me demande si ne serait-ce que le quart des voitures ici passeraient au contrôle technique… La circulation est plutôt fluide. J’ai l’impression de n’avoir jamais autant vu de véhicules de chantier que dans cette ville. Il faut dire que je ne m’y intéresse vraiment (de force) que depuis que je suis maman d’un petit garçon. En tous les cas, les constructions ont le vent en poupe ici.
En journée, le climat est agréable. Ni trop chaud, ni trop froid (encore que…). Mais avec la nuit tombe le froid, qui devient carrément glacial au milieu de la nuit. Certains diront que j’exagère, mais après neuf ans passés sous les tropiques, je ne peux pas être objective…
Les trottoirs sont animés. On y croise des gens de toutes les classes sociales (à en croire leurs habits) qui font leurs courses, boivent un verre à la terrasse d’un café, marchent. Quel changement par rapport à l’Asie où la marche est réservée aux indigents ! Les gens sont gentils. Ils sont tous attirés par nos deux bambins, pas toujours réceptifs. A dire vrai, je ne suis pas sûre que j’aimerais qu’une inconnue me saute dessus pour me faire un bisou. C’est arrivé plusieurs fois à Nolan. Timéo ne vivra cette mauvaise expérience que le premier jour. Après nous être débattus avec la poussette sur les trottoirs défoncés du quartier, nous ne toucherons plus à la poussette et porterons Timéo dans nos bras.
A chaque nouvelle sortie, nous nous faisons également alpaguer par des mendiants ou encore des enfants qui vendent des mouchoirs en papier ou cirent les chaussures. Ces derniers intriguent beaucoup Nolan, qui nous interroge. Rien de tel que le voyage pour confronter les enfants aux dures réalités de notre monde. Dans le quartier de Bole, nous nous méfions des gens qui s’approchent trop près de nous. Le propriétaire de la Guest House, Dawit, un ami de Raphaël, nous a mis en garde contre les voyous (gare aux arnaques !) et les pickpockets.
Et pour finir sur ce qui m’a marqué, les enseignes des magasins et des restaurants sont écrit en alphabet amharique ; rarement en anglais. Je trouve toujours un peu déstabilisant de ne pas comprendre le monde écrit qui m’entoure. Vivement que je me mette à l’amharique !
Merci pour cette belle description de votre séjour à Addis-Abeba 🙂
Merci pour tous ces renseignements.Inutile de m’arrêter à Addis-Abeba si ‘il me prenait l’envie de voyager en Ethiopie.
Magnifique, bravo!