Un mardi gras au carnaval de Binche : sous une pluie d’oranges !
Cette année, mardi gras est tombé… un mardi ! Évidemment… et le 8 février. Profitant d’un bref séjour en famille dans la capitale belge, nous n’avons pas résisté à la tentation de faire un petit saut à Binche, pour assister au fameux carnaval. Et nous n’avons pas été déçus !
C’est en cherchant sur le web des idées d’activités à faire avec les enfants un jour de mardi gras en Belgique, que je suis tombée sur l’information : le carnaval de Binche est le plus populaire de Belgique, et l’une des plus anciennes manifestations de ce type encore vivantes en Europe. En 2003, l’UNESCO l’a reconnu Patrimoine Oral et Immatériel de l’Humanité, ce qui a sans nulle doute contribué à faire grandir sa renommée, qui dépasse aujourd’hui largement les frontières de Belgique.
Fiers de leur tradition, les habitants de Binche s’efforcent de préserver l’artisanat et les savoir-faire associés aux costumes, accessoires, danses et musiques traditionnels du carnaval. Comme pour d’autres carnavals, ils commencent les préparatifs des mois avant. Les festivités pré-carnavalesques commencent six semaines avant les jours gras et prennent la forme de cortèges de musiciens les dimanches et de bals les samedis. Mais les journées les plus importantes sont les trois jours gras, dimanche, lundi et surtout mardi gras, où apparaissent les plus fameux Gilles. Pendant ces trois jours, les festivités ont lieu du matin au soir.
Pour ma part, je n’en avais jamais entendu parler. Mais les informations glanées çà et là m’ont mis l’eau à la bouche. Donc le lundi soir, alors que nous venons à peine d’arriver à Bruxelles, je convaincs Alex que c’est LA destination à ne pas manquer un jour de mardi gras en Belgique. Pas trop difficile à convaincre puisque Binche ne se trouve qu’à une heure de route à peine de Bruxelles.
Le défilé est prévu à 15 heures, ce qui nous laisse le temps de déjeuner à Bruxelles, avant de reprendre la même route que la veille,… mais cette fois en sens inverse, puisque Binche est située à une vingtaine de kilomètres de la frontière avec la France ! Je sais, c’est ballot !
Nous arrivons à Binche une demi-heure avant le début du défilé. Comme tout le monde apparemment. Certains attendent même dans leur voiture le dernier moment. Vu le temps, ça se comprend. Personne n’a envie de déambuler dans les rues sous cette pluie battante. Et dire qu’on n’a qu’un parapluie pour quatre ! Et moi qui ne suis même pas équipée d’un vêtement de pluie ! Alex et les enfants oui en revanche. Mais ils sont tellement emmitouflés dans leur doudoune qu’on ne voit même plus leurs déguisements, chevalier pour Nolan et Tortue Ninja pour Timéo. C’est dommage pour eux. Ils se faisaient une joie de parader.
De notre place de parking, à l’entrée du village, nous nous dirigeons à pied vers le centre-ville. Malgré la pluie incessante, le vent et le froid (5°C), l’ambiance y est chaleureuse. Quelques musiciens chauffent l’atmosphère (et se réchauffent !) en attendant le démarrage du défilé. Nous nous abritons sous un auvent, où un Gilles – le premier qu’on voit – donne une orange à Timéo et une à Nolan.
Le costume des Gilles est très beau et très coloré. Des petites clochettes cousues à leurs vêtements tintinnabulent à chacun de leurs mouvements. Habituellement, les Gilles arborent aussi un extravagant chapeau en plumes d’autruche. Mais qui craint la pluie. Donc pour aujourd’hui, c’est manqué ! Ils devront attendre l’an prochain pour le sortir, à condition que le temps soit plus clément qu’aujourd’hui.
Nous prenons place derrière une barrière de sécurité, partiellement à l’abri des gouttes sous notre parapluie. Au milieu de l’allée, des gens attendent le feu vert pour démarrer le défilé. Je les observe, qui se retrouvent, s’embrassent comme du bon pain. Ici tout le monde se fait deux bises, les femmes, les hommes, les jeunes, les moins jeunes, c’est moins compliqué qu’en France, où on ne sait jamais combien on doit en faire (et pourtant, c’est une Française qui parle).
Le son des cymbales monte progressivement. Des hommes s’activent, vêtus d’une robe de satin noir et d’un chapeau décoré de plumes ou de médailles. J’apprendrai plus tard que ce sont les commissaires des treize sociétés carnavalesques, chargés de maintenir la cohésion dans la société et de faire respecter les horaires de déplacement prévus. Chaque société, régie par un comité composé d’un président, d’un vice-président, d’un secrétaire et d’un trésorier, a pour mission de s’occuper de ses membres, les Gilles, les Paysans, les Pierrots et les Arlequins.
C’est le départ. Tour à tour défilent devant nous tous les personnages emblématiques du carnaval de Binche :
les groupes de Pierrots,
les groupes de Gilles,
les groupes de Paysans.
Pas d’Arlequins bizarrement, alors que traditionnellement ils auraient être là…
Tous les groupes sont accompagnés de musiciens. Les Gilles, comme les Pierrots, portent un drôle de panier rempli d’oranges, alors que les paysans les transportent dans une sacoche en cuir. Les oranges sont distribuées aux plus petits, pour le plus grand bonheur de Nolan et Timéo qui remplissent nos poches de leurs cadeaux. Elles sont lancées aux plus grands, qui s’amusent à les attraper. Gare aux projectiles ! Alex en a évité deux de justesse, et par deux reprises, le parapluie nous a servi de bouclier. Et il a pris cher !
Un homme à sa fenêtre essaie d’attraper des oranges avec une épuisette. Un jeu qui intrigue beaucoup Nolan et qui amuse beaucoup les lanceurs, qui essaient les uns après les autres de viser la cible.
Nolan et Timéo ne quittent pas leur barrière, à laquelle ils sont fermement accrochés, la main tendue dans l’espoir de recevoir une orange, ou à l’affut d’une orange volante. A chaque victoire, un large sourire se dessine sur leurs visages.
La règle du jeu : récupérer le plus d’oranges possibles. Mais attention, il est interdit de les ramasser par terre si elles sont éclatées ! Et des oranges par terre, ce n’est pas ce qui manque !
Timéo lui n’a pas assez de mains pour en récolter autant qu’il voudrait.
Bientôt on ne sait plus où les mettre tellement on en a : toutes les poches sont pleines, les leurs, les nôtres, mon petit sac à dos,… ma botte secrète, c’est mon sac à provision pliable, qui se remplit à vue d’œil, et que Timéo ne voudra pas lâcher jusqu’à la voiture !
Nous ne resterons pas jusqu’ au rondeau final, qui clôt le défilé sur la Grand-Place de Binche. Nous sommes trempés. Le vent s’est levé et nous avons les mains gelées. Nous rentrons et sommes bien contents d’atteindre la voiture pour nous réchauffer.
En arrivant « à la maison » (nous avons loué un logement par le biais d’Airbnb), nous comptons les oranges récoltées. 35 ! De quoi faire le plein de vitamines pendant la semaine à venir, histoire de contrer le rhume qui nous guette, après avoir passé deux heures dans le froid et sous la pluie.
Et pour finir cette journée de mardi gras en beauté… des crêpes bien-sûr !
Gaufres hier soir sur la Grand-Place illuminée, frites ce midi et crêpes ce soir, nous avons fêté comme il se doit les jours gras. Nous voilà fin prêts pour le jeune du carême !
Très intéressant, je ne connaissais pas du tout ce carnaval.Il porte bien son nom au pays de la bière ! Tu aurais dû me dire que tu allais en Belgique comme j’en revenais!
Pour approfondir le point des bises, ce n’est pas plus compliqué en France. La Belgique qui est quasiment 20 fois plus petite que la France compte aussi cette complexité: entre 1 et 3 selon les régions!
En ce qui concerne la France, cet article pourra certainement t’aider à t’y retrouver lors de vos prochaines balades sur le territoire !
http://www.economist.com/blogs/gulliver/2014/10/kissing-business-acquaintances?fsrc=scn/tw/te/bl/ed/xxxxorxxxxx
Ah, c’est vraiment quelque chose à voir. Personnellement, j’aurai adoré admirer les costumes de ceux qui sont déguisés en Pierrot. C’est un personnage que j’affectionne depuis toute petite, je le trouve à la fois triste et chou.